„[Su Facebook] Zuckerberg lo ha capito quando ha chiamato la bacheca «diario», ossia informare gli altri non della straordinarietà, ma della quotidianità delle proprie vite ordinarie. Mi sono svegliato, sono allegro, sono depresso, ho mangiato, ho pisciato. Non si posta una foto perché ci si sta arrampicando come Tom Cruise sul Burj Khalifa, è sufficiente mostrare lo zampone con il cotechino cucinato dalla zia per capodanno.“ Massimiliano Parente
Il mare, la sabbia, gli scogli, gli ombrelloni, le persone in costume, i selfie al mare, sulla sabbia, sdraiati sui lettini, foto di albe, di tramonti, il sole, il cielo azzurro, il sudore, le creme solari, le pance, i culi sodi, i culi flaccidi, e ancora foto in costume, foto di gente spaparazzata, spiaggiata, le ferie, le Maldive, le Canarie, la Sardegna, tutte queste isole del cazzo, i tramonti, le albe, i giovani felici, i bambini che giocano a riva, i figli dei figli, le generazioni, la nonna ancora viva per poco sotto un ombrellone, i selfie con gli spritz, sulla sdraio con il libro che ha vinto il famoso premio, il sudore, sapore di sale, sapore di mare, che hai sulle labbra, che hai sulla pelle, che hai sulle palle come Gino Paoli, l’estate, ancora due mesi, tutto questo è terrificante. Massimiliano Parente
Dans chaque cellule (nid d’humidité cagibi de dressage) un prisonnier et son monde se sont évadés pour un temps (ici, l’évasion n’est pas affaire légère) Ceux qui rêvent les yeux ouverts ne sont pas fatalement tristes Ils dessinent des fenêtres turquoise sur l’écran de la nuit lâchent des gazelles dans l’incommensurable sablier du temps Ils entretiennent la mémoire vive Ceux qui bricolent sont les plus heureux Ils réitèrent la genèse du chant et des techniques et la fantaisie s’en mêle pour humaniser allègrement l’oblique paysage Ceux dont la chair se ravive de sève virile sont les plus assiégés iconolâtres de sauvages libertés ils aspirent goulûment l’acre fumée des interdits Les murs-sirènes tournoient l’image stridente flagelle et fuit puis le chant intervient baume suturant les brisures fantasmes terrassés Ceux qui rédigent des lettres sont de vrais artisans de la fraternité Ils ouvrent les veines de leur sensibilité découvrent qu’ils n’ont peut-être jamais parlé, écouté et le dialogue s’illumine bouleversement d’être Ils animent le vaste théâtre de la présence Ceux qui sont malades sont les plus prisonniers Le corps pèse de tout son poids de frustrations s’écorche dans le naufrage des insomnies Le sommeil suffoque parcours-martyre de la cavale impossible Ceux qui écrivent des poèmes sont les plus agités Ils guerroient contre la porte, les murs, la loi du silence font violence à leur corps et à leur pensée pour abolir tout ce qui entrave la parole Ils tanguent sur la corde raide à chaque page s’annihilent pour renaître Dans chaque cellule un prisonnier et son monde noctambules de la résistance ordinaire. ABDELLATIF LAÂBI, L’Arbre à poèmes
La beauté, cela ne s’invente pas. C’est une approche très lente et très douce, qui va plutôt à la vitesse d’une plante qui pousse. Un jour, encore un jour, une année, ainsi, lentement, étendant l’une après l’autre ses branches, occupant le ciel et l’espace, assurant sa prise dans la terre, tandis que passent les saisons, le vent, la nuit, le soleil, les eaux de la pluie. Cette flamme qui brûle au fond des êtres est belle et pure. Ce n’est pas une déflagration qui calcine. C’est une action obstinée et réfléchie, une combustion continue. C’est la force de l’irréductible. C’est une flamme qu’on ne remarque pas tout d’abord, parce qu’on est souvent distrait par toutes les étincelles et tous les éclats qui tourbillonnent sans cesse: la brillance, le luxe, miroirs partout tendus, phares aveuglants braqués sur les yeux, grandes plages de couleur, de blancheur. Mais lorsque tout devient gris de fatigue et d’usure, lorsque la plupart des êtres se sont éteints et se sont effacés, alors on remarque cette lueur étrange qui brille par endroits, comme des feux de braise. Quelle est cette lueur? Que veut-elle? Est-ce le désir? Le plus simple désir alors, la force de la vie, la force de la vérité. Ceux qui refusent les mensonges, ceux qui ne sont pas compromis dans les affaires louches du monde, ceux qui ne se sont pas avilis, qui n’ont pas été vaincus, ceux qui ont continué à vibrer quand tous les autres se sont endormis: la lumière n’a pas quitté leurs yeux. Elle continue à sortir de leur peau, de leur âme, la lumière pure qui ne cherche pas à vaincre ou à détruire. La lumière pour cette seule action: voir, aimer. Je cherche ceux et celles qui brûlent. Ce sont les seuls immortels. J. M. G. Le Clézio, L’inconnu sur la terre.
Je me souviens d’une belle étude où l’on montrait que les personnes endeuillées capables de sourire en évoquant leur conjoint disparu (“Quelle souffrance de l’avoir perdu, mais quel bonheur de l’avoir connu !”) étaient aussi celles qui allaient le mieux après. Parce qu’elles s’étaient montrées capables de ne pas laisser le bonheur se noyer dans le malheur. Capables de comprendre que la vie, c’est tout ensemble. Et que le malheur n’annule pas les bonheurs passés, ni ne nous les retire : ces bonheurs que nous avons vécus nous restent acquis pour l’éternité. On a bien le droit de pleurer et de sourire en même temps. C’est parce qu’on accepte le monde, et qu’on décide de l’aimer de toutes ses forces. Christophe André, Méditer, jour après jour
“Tu fais de ma vie quelques chose d’irisé. Tu es entrée dans ma vie comme on arrive dans un royaume ou toutes les rivières attendaient ton reflet et toutes les routes tes pas.(…) Tu es la seule personne avec qui je peux parler de la nuance des nuages.” VLADIMIR NABOKOV, ” Lettres à Véra”
L’artiste – qu’il soit sculpteur, peintre, acteur, poète ou musicien – est d’une telle importance pour l’existence des hommes, et si indispensable à l’être humain, qu’aucun peuple, aucun groupe humain ne peut vivre sans art et sans artiste. On n’a, jusqu’à aujourd’hui, jamais trouvé nulle part de peuple qui soit sans art. Même le peuple le plus primitif voit naître un art et des artistes. Il y a des peuples sans religion; mais il n’existe pas de peuple sans art. C’est pour l’homme un besoin vital d’enrichir et d’enjoliver la vie, parce que c’est là le seul moyen d’échapper au prosaïsme du quotidien. La quotidienneté, en effet, étouffe l’homme, engourdit ses sensations, ses espoirs, ses idéaux, ses pensées, au point que toute vie perd sa valeur et que la phrase la plus désespérante exclame strictement : « Pourquoi vivre ? ». Ce n’est pas la religion, mais bien l’artiste qui pose à l’homme cette question et lui répond par une si forte volonté de vivre et une capacité de création dont la puissance vient de tellement loin que cette question elle-même périt sur les lèvres de l’homme. (…) L’artiste n’a pas à être mon dieu, ni une autorité, ni une figure supraterrestre qui me serait inaccessible et existerait cachée derrière les nuages hors de mon monde. L’artiste doit, dans son œuvre, me révéler qu’il est mon frère terrestre, qu’il est sujet à autant d’adversité que moi, plein de désirs comme moi, qu’il est porté par l’élan de se libérer des chaînes mentales comme moi et bourré de pulsions et de lacunes comme moi. L’unique chose que je doive ressentir à son endroit, c’est de lui être reconnaissant de savoir exprimer avec pertinence, par la musique, la couleur, la pierre, la parole, la représentation, ce qui touche mon âme et ce que j’essaie d’exprimer depuis le premier éveil de ma conscience de n’importe quelle manière, sans y parvenir. Il n’y a que l’artiste pour nous rendre hommes et nous faire consciemment sentir que nous sommes hommes. B. TRAVEN, “Tous les hommes dont les larmes débordent”.
Que tu sois environné par le chant d’une lampe ou par la voix de la tempête, par le souffle du soir ou le gémissement de la mer, toujours veille derrière toi une vaste mélodie, tissée de mille voix, ou de temps à autre seulement ton solo trouve sa place. Savoir quand tu dois intervenir dans le choeur, c’est le secret de ta solitude : de même que c’est l’art de la relation véritable : se laisser tomber de la hauteur des mots dans l’unique et commune mélodie. Rainer Maria RILKE
Peut-on aimer trop ? Elle s’adressait des blâmes que rien ne fondait. Elle avait trop celé peut-être son amour, trop tenu secret son amour au fond d’elle-même. Elle n’avait pas assez témoigné son désir pour son corps tout entier. Il n’avait peut-être pas imaginé que c’était lui qu’elle aimait, et non son œuvre, combien son corps, son beau corps particulier, son odeur, la douceur de sa peau, lui étaient précieux.
Ce qui fait désespérer les gens, c’est qu’ils essaient de trouver un sens universel à toute la vie, et qu’ils finissent par dire qu’ils sont absurdes, illogiques et vide de sens. Il n’y a pas un seul grand sens cosmique pour tous, il n’y a que le sens que nous donnons chacun à notre vie, un sens individuel, une intrigue individuelle, un livre pour chaque personne. Anaïs Nin
Dans la vie de tous les jours on reconnait un être bon à ce qu’il aime l’incognito, à son goût de la discrétion, voire de l’effacement..Il ne déballe jamais son curriculum vitae, ses diplômes ni ses prouesses..Il a à peine de biographie et se désintéresse de l’évènementiel..Mais il veille sur la neige, le vent, les taupinières, le duvet des peupliers, les étoiles, les enfants, le silence, bref, sur tout ce qui est vivant.. Jacqueline KELEN
“Un desiderio vago, come un’aura dell’anima, aveva schiuso pian piano per lei, come per me, una finestra nell’avvenire, donde un raggio dal tepore inebriante veniva a noi, che non sapevamo intanto appressarci a quella finestra né per richiuderla né per vedere che cosa ci fosse di là.“
Luigi Pirandello, libro Il fu Mattia Pascal
« L’art peut être un guide ou un miroir ou un ennemi ou un juge de la société; il peut même l’ignorer, s’il y parvient. On ne peut et on ne doit exiger de celui qui crée qu’une seule chose: qu’il ne soit ni un esclave ni un faussaire ». Primo Levi
“Je n’ai pas réussi à redresser le monde, à vaincre la bêtise et la méchanceté, à rendre la dignité et la justice aux hommes, mais j’ai tout de même gagné le tournoi de ping-pong à Nice, en 1932, et je fais encore, chaque matin, mes douze tractions, couché, alors, il n’y a pas lieu de se décourager.” Roman Gary
J’ai vu des miracles se produire, quand les gens disent la vérité. Pas la “belle” vérité. Pas la vérité qui cherche à plaire ou à réconforter. Mais la vérité sauvage. La vérité féroce. La vérité qui dérange. La vérité tantrique. La foutue vérité. La vérité que tu as peur de dire. L’horrible vérité sur toi que tu caches pour “protéger” les autres. Pour éviter d’être «trop». Pour éviter d’avoir honte et de te sentir rejeté. Pour éviter d’être vu. La vérité de tes sentiments les plus profonds. La rage que tu as ressassée, dissimulée, maîtrisée. Les terreurs dont tu ne veux pas parler. Les pulsions sexuelles que tu as essayé d’engourdir. Les désirs primaires que tu ne peux supporter de formuler. Les défenses se décomposent enfin, et ce matériel «dangereux» émerge du plus profond de l’inconscient. Tu ne peux plus le retenir. L’image du «bon garçon» ou de la «gentille fille» s’évapore. Celle du «parfait», de «celui qui a tout compris», de l’évolué : ce sont des images qui brûlent. Tu trembles, tu transpires, tu es au bord des vomissements. Tu penses que tu pourrais en mourir, mais finalement tu la dis cette putain de vérité, cette vérité dont tu as profondément honte. Pas une vérité abstraite. Pas une vérité “spirituelle”, soigneusement formulée et conçue pour prévenir l’offense. Pas une vérité habilement emballée. Mais une vérité humaine désordonnée, enflammée, bâclée. Une vérité sanglante, passionnée, provocatrice, sensuelle. Une vérité mortelle, indomptée et sans fard. Et fragile, collante, suante, vulnérable. La vérité de ce que tu ressens. La vérité qui permet à l’autre de te voir à l’état brut. La vérité qui fait haleter, qui fait battre ton cœur. C’est la vérité qui te libérera. J’ai vu des dépressions chroniques et des angoisses permanentes s’effacer du jour au lendemain. J’ai vu s’évaporer des traumatismes profondément enracinés. J’ai vu de la fibromyalgie, des migraines à vie, de la fatigue chronique, des maux de dos insupportables, des tensions corporelles, des troubles de l’estomac, disparaître, ne jamais revenir. Bien sûr, les «effets secondaires» de la vérité ne sont pas toujours aussi dramatiques. Et nous n’entrons pas dans notre vérité avec un résultat en tête. Mais pense aux énormes quantités d’énergie nécessaires pour réprimer notre sauvagerie animale, engourdir notre nature farouche, réprimer notre rage, nos larmes et notre terreur, soutenir une fausse image, et faire semblant d’être «bien». Pense à toute la tension dans le corps, et aux dommages causés à notre système immunitaire, quand nous vivons dans la peur de “ nous montrer”. Prends le risque de dire ta vérité. La vérité dont tu as peur. La vérité dont tu crois que le monde dépend. Trouve une personne sûre, un ami, un thérapeute, un conseiller, toi-même, et laisse-les entrer. Laisse-les te tenir alors que tu te brises. Laisse-les t’aimer alors que tu pleures, rages, trembles de peur, que tu es en plein gâchis. Dis ta putain de vérité à quelqu’un, cela pourrait simplement te sauver la vie, te guérir du plus profond de toi et te connecter à l’humanité d’une manière que tu n’avais jamais imaginée. Jeff Foster